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laurent dandrieu - Page 3

  • De la crise à la guerre...

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    Le numéro de septembre 2013 de la revue Le spectacle du monde est en kiosque. 

    Le dossier est consacré à la crise des années 30. On pourra y lire, notamment, des articles d'Eric Branca ("L'histoire ne se répète pas, mais..." ; "La guerre comme horizon" ; "Une France à la dérive"), de Gilles Gaetner ("Stavisky, l'escroc emblématique"), de Christian Brosio ("L'effervescence des non-conformistes"), de François Bousquet ("Le rouge et le brun").

    Hors dossier, on pourra aussi lire des articles de Michel Thibault ("Un patrimoine entre protection et dérive"), d'Arnaud Guyot-Jeannin ("Maurice Ronet, comédien épris d'absolu"), d'Eric Branca ("Elie Denoix de Saint-Marc, mort d'une sentinelle"), de Joséphine de Varax ("L'esthétisme victorien" ; ""Soufflot, le souffle du renouveau"), de Bruno de Cessole ("Les derniers des Mohicans") et de Laurent Dandrieu ("Benoît Poelvoorde, funambule de intranquillité"). Et on retrouvera aussi  les chroniques de Patrice de Plunkett ("La politique du fantasme") et de François d'Orcival ("Valls, Taubira, le jeu de rôle").

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  • Sans histoire... ni géographie...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Laurent Dandrieu, cueilli sur le site de Valeurs actuelles et dans lequel il dénonce la fabrication à la chaîne de générations de déracinés...

    Laurent Dandrieu est actuellement rédacteur en chef adjoint de l'hebdomadaire Valeurs actuelles et était, dans les années 90, un des animateurs de la revue Réaction, remarquable revue de la droite littéraire de conviction.

     

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    Sans histoire... ni géographie

    Au début du quinquennat de Nicolas Sarkozy, il fut un (court) temps question de mener une “politique de civilisation”, concept intéressant disparu aussi vite qu’apparu. La civilisation, pour aller vite, c’est le processus qui permet de savoir d’où l’on vient, afin de pouvoir savoir où l’on va. Comment donc pourrait-on mener une “politique de civilisation” quand tout est fait par ailleurs pour que l’individu moderne ne sache plus d’où il vient ?

    Quand tout, des plaques d’immatriculation automobiles aux programmes scolaires, conspire à en faire un nomade sans appartenance et sans mémoire ?

    Dans un récent recueil d’annotations portées par des professeurs sur leurs élèves (les Perles des bulletins de note, éditions Jean-Claude Gawsevitch), on relevait cette remarque désabusée d’un professeur sur l’un de ses lycéens : « Année sans histoire… et sans géographie non plus d’ailleurs. » Boutade qui, comme toujours, est plus vraie qu’elle ne le croit. En effet, comme nous l’apprend une récente tribune de Rémy Knafou publiée dans le Monde du 5 octobre, les programmes de géographie des classes de première entrés en vigueur en septembre 2011 consacrent ni plus ni moins que la disparition de la France en tant que telle : « L’entité “France”, celle de la République française, a purement et simplement disparu au profit de deux autres niveaux : le niveau européen, d’un côté, et celui des territoires qui composent la France, de l’autre, la part belle étant faite aux “territoires de proximité” », explique ce professeur émérite de la Sorbonne. Tout se passe comme si l’on voulait nous faire croire que la France est une simple juxtaposition de régions, unie par un hasard administratif, mais sans histoire com­mune, sans identité commune et par conséquent sans destin commun. Le tout ne serait ici que la somme des parties, sans rien leur apporter, sans que l’appartenance de ces parties à un tout modifie en quoi que ce soit leur existence ou leur devenir. La négation de la géographie française devient ici la négation du roman national, qui débouche inéluctablement sur la négation d’un avenir national.

    Déjà alarmante en soi, cette curieuse omission, ­exemplaire selon Rémy Knafou « d’une certaine dés­orientation collective », ne fait en réalité qu’élargir la brèche sans cesse grandissante creusée dans la perception que peuvent avoir les jeunes générations de leur identité. Ci­toyens d’un pays qui semble avoir basculé dans “l’après-histoire”, sans rien pour les relier charnellement à une geste historique qui s’éloigne de plus en plus dans le passé, sans devoir qui concrétise leur appartenance à une communauté nationale – comme l’a fait pour des générations le service national –, sans pour autant pouvoir se rattacher à une identité européenne qui reste fictive, réduits à leur simple statut de consommateur et de rouage du système économique, les jeu­nes générations de Français voient en même temps s’effacer les ­symboles qui pourraient les rattacher à une com­mu­nauté de destin, à une identité collective, à des racines concrètes.

    On dit célébrer l’identité européenne, mais on édite un agenda ponctué des fêtes du monde entier… à l’exception des chrétiennes. On voudrait que les Français délaissent les dé­lices de la repentance pour retrouver une certaine fierté nationale, mais on les prive, dans les manuels d’histoire, des ­grandes figures du passé, Clovis, Jeanne d’Arc ou Louis XIV, pour les entretenir du Monomotapa et des beautés de la ­civilisation dogon. On les somme d’agir en acteurs économiques responsables de la planète, mais on ne leur présente, sur les billets de banque, qu’un monde imaginaire et abstrait : ponts qui ne conduisent nulle part, vitraux vierges de toute représentation qui n’éclairent aucune cathédrale, absence de toute figure identifiable conduisent à se considérer comme une monade anonyme, le rouage impersonnel d’un système sans visage. Les monuments réels, d’ailleurs, obéissent eux-mêmes à ce principe d’anonymat : aéroports, bâtiments administratifs et même musées dévolus à l’histoire locale (comme celui de Liverpool, inauguré cet été) se ressemblent tous d’un pays à l’autre, issus de ce style international interchangeable et terriblement monotone dans sa quête d’originalité précisément, qui reproduit les mêmes formes et les mêmes silhouettes à Tokyo, à Sydney ou à Los Angeles.

    On déplore à longueur de discours le désarroi de ci­toyens en perte de repères, mais on fait tout pour les faire disparaître, pour effacer tous les signes de reconnaissance qui pourraient leur donner le point d’ancrage leur per­mettant de résister au vertige du tourbillon bougiste en s’inscrivant dans une lignée, dans une mémoire, dans un héritage. En privant ainsi les citoyens de toute transmission, on croit former peut-être des individus pleinement maîtres de leur destin, des citoyens du monde, des agents économiques à la flexibilité parfaite et des consommateurs adaptés aux innovations perpétuelles d’un marché mondialisé. On fabrique surtout des générations de déracinés, balayés par la première bourrasque faute d’avoir la moindre fondation, propres à former les gros bataillons de la barbarie qui vient.

    Laurent Dandrieu (Valeurs actuelles, 20 octobre 2011)

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  • La grande faillite...

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    Le numéro de septembre 2011 de la revue Le spectacle du monde est en kiosque. 

    Le dossier est consacré à la faillite du système éducatif. On pourra y lire , notamment, un entretien avec Dimitri Casali ("On veut effacer nos mémoires"), et un article d'Henri Nivesse consacré à ceux qui, au cours des trente dernières années, on tiré la sonnette d'alarme et deux articles importants d'Alain Kimmel ("Les cinquantes honteuses" et "Refonder l'école") 

    Hors dossier, on pourra aussi lire un entretien avec Aymeric Chauprade, un hommage de Laurent Dandrieu à Michel Mohrt et un article de François Bousquet sur le dernier roman d'Olivier Maulin. Et on retrouvera aussi  les chroniques de Patrice de Plunkett et d'Eric Zemmour.

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  • La conquête ?...

    Nous reproduison ci-dessous un excellent article de Laurent Dandrieu, cueilli sur Causeur et consacré au film "La Conquête", de Xavier Durringer et Patrick Rotman, avec Denis Podalydès.

     

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    Quand la réalité dépasse l'affliction

    À l’origine, les producteurs de la Conquête étaient venus trouver Patrick Rotman pour lui proposer d’écrire un scénario de politique-fiction sur la mort de Nicolas Sarkozy peu après son élection. « Pourquoi s’embêter à inventer ? La réalité dépasse si souvent la fiction ! », leur a répondu en substance l’auteur de François Mitterrand ou le roman du pouvoir, qui a souvent regretté, en tournant ses documentaires politiques, de ne pouvoir faire incarner les scènes truculentes qu’il faisait raconter à des témoins par des acteurs de cinéma. À voir le tableau qu’il a brossé de l’irrésistible ascension de Nicolas Sarkozy vers l’Élysée, il semble surtout que la réalité dépasse l’affliction.

    « Bien que les personnages en soient réels, ce film est une œuvre de fiction », est-on averti au début du récit de Xavier Durringer. C’est en réalité le première phrase-gag de ce film qui n’en manque pas. Car quiconque suit d’un peu près l’actualité politique reconnaîtra mainte réplique déjà croisée dans l’article de tel ou tel échotier, dans telle ou telle confidence de politicien soigneusement confiée en “off”. Dominique de Villepin (Samuel Labarthe) en con grandiloquent et infatigable ambassadeur de sa propre virilité, filant les métaphores sexuelles comme d’autres enfilent les perles (« Les hommes politiques sont des bêtes sexuelles », assène en passant Nicolas Sarkozy), Chirac (Bernard Le Coq) en tigre assoupi, balançant des coups de griffe entre deux lampées de Corona, Jean-Louis Debré (Gérard Chaillou) en pousse-au-crime débonnaire, Henri Guaino (Michel Bompoil) en scribe laborieux, tout grisé de voir son lyrisme enfin incarné, Claude Guéant (Hippolyte Girardot) en crocodile madré qui savoure en connaisseur tous les coups bas qui se perpètrent devant ses yeux impassibles, tous sont plus vrais que nature. À commencer bien sûr par Nicolas Sarkozy (Denis Podalydès, prodigieux) en petit garçon insatiable et impatient, égocentrique et capricieux, tyrannique et assoiffé d’affection, totalement dénué de surmoi l’empêchant de dévoiler ses arrière-pensées, et qui a fait de ce défaut la plus terrifiante des armes de destruction massive politique.

    La différence est que ces acteurs de la commedia dell’arte du pouvoir, qui apparaissent d’habitude sur nos petits écrans bien peignés et policés, la bouche ronflante de grandes phrases sur la France, l’intérêt général et la survie de la planète, ici ne font plus semblant et nous livrent le fond de leur pensée sans fard ni dissimulation. Et le spectacle n’est pas beau à voir : le fond de ces pauvres hères effraie. De Sarko disant à ses conseillers de la Firme : « Cécilia m’a demandé vos têtes, je vais lui donner vos couilles » ou assénant à un Villepin qui n’en croit pas ses oreilles « Chirac est fini, moi je reste seul et je suis libre. Et vous, Dominique, vous êtes mort ! », à Villepin pestant : « Ce nain va nous faire une France à sa taille », ou « Je vais le baiser, et avec du gravier encore », nous voilà assez loin de la langue de bois d’usage…

    L’ensemble, assez mal construit, filmé plutôt platement et manquant d’un point de vue qui ordonnerait le propos, pourrait paraître assez anecdotique, plus croustillant que pertinent. Sauf qu’on s’aperçoit assez vite qu’il manque un personnage au film, pas un comparse comme Brice Hortefeux ou Patrick Buisson, mais un personnage principal : ce grand absent de La Conquête, c’est la France, dont tous ces beaux messieurs se moquent comme de leur première carte d’électeur, tout occupés qu’ils sont à glisser des peaux de banane sous les pieds de leurs ennemis et à élaborer les chausse-trappes qui devront être fatales à leurs alliés d’hier. Quand par hasard on trouve le temps de réfléchir aux thèmes de campagne, ce n’est pas pour défendre des idées auxquelles on croirait, c’est pour pomper les voix du Front national : « Je ne dis jamais du mal des électeurs du Front national, dit Sarkozy-Podalydès. Je dis que ce sont des victimes. Des victimes de quoi ? je ne sais pas, mais des victimes. » Le grand mérite du quinquennat de Sarkozy aura été de lever définitivement cette hypocrisie, aux yeux des derniers naïfs qui y croyaient encore, selon laquelle les politiques d’aujourd’hui seraient là pour servir le bien commun, quand leur cortex n’est plus qu’un gigantesque plan de carrière.

    Sarkozy, lui, en assumant totalement son propre arrivisme, agit comme un révélateur des turpitudes des autres ; en cela, il n’est pas différent de ses compétiteurs, seulement plus franc : « Ça fait trente ans que je me prépare, dit-il à Villepin ; pour me déloger, il faudra y aller à l’arme blanche. » En un sens, la Conquête n’est ni de droite ni de gauche : c’est un film monarchiste… La politique réduite à un misérable choc des ambitions, à une dérisoire conjuration des égos : pour le coup, c’est un autre avertissement qu’il aurait fallu inscrire en exergue du film : « Toute ressemblance avec une œuvre de fiction serait purement fortuite. »

    Laurent Dandrieu (Causeur, 25 mai 2011)

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